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Jardins urbains
D’après Dora Bérces de Transition Hungary
Quand on se baisse pour ramasser une poignée de terre, où que ce soit, on trouvera à la terre une odeur, une température et des caractéristiques particulières.
La terre apparaît dans l’ensemble inerte, c’est juste quelques pincées de sédiments.
Le plus précieux est ce que la vie y apporte : l’humus, les plantes décomposées et les minuscules êtres invisibles à l’oeil nu.
Partout où je vais, j’aime me baisser pour toucher la terre.
Cette poignée de sol m’évoque toutes sortes de relations – relations entre la substance et l’âme, l’inerte et le vivant, les entrailles et le coeur.
Et relations entre les gens.
Sans aucune préméditation, la question du jardinage surgit au bout d’un moment dans tous les groupes. Ça arrive aussi bien à ceux qui habitent le centre ville, la banlieue, de petits villages, ou des fermes qu’aux membres d’une communauté isolée loin de tout lieu habité.
Pas franchement étonnant, vous me direz, puisque la nourriture est la base de tout.
C’est donc pour ça qu’ il faut jardiner, élever des animaux ou faire pousser des arbres fruitiers.
Il est intéressant de voir comment s’y prennent les différents groupes, comment ils ajoutent leurs spécificités et comment ils se servent du jardinage comme d’un outil pour rester en contact, consolider leur communauté et faire progresser leur développement personnel.
Voyons ce que font quelques communautés hongroises d’un bout de terrain.
Du terrain vague au Paradis
L’équipe Grundk3rt s’est procuré un terrain vague destiné à un chantier de construction au centre-même de Budapest. Comme la construction a été retardée, ils ont transformé la friche en paradis. Le groupe est en perpétuel mouvement ; en ce moment, ils cultivent le 3ème jardin entièrement créé de A à Z. Les deux premiers ont été remplacés par des grands buildings. Fondée il y a cinq ans, l’association est la pionnière des jardins communautaires hongrois. Ceux-ci se sont développés depuis et ont déjà évolué. Cependant, ce qui est permanent, c’est que les membres s’efforcent de tirer le meilleur parti de ce qu’ils ont, en termes de culture et de développement de leur communauté.
Actuellement, une autre association gère 40 parcelles cultivées, qui sont de tout petits espaces (8-9 m2) ou des buttes de culture de 2 m2. Ces unités minuscules sont très appréciées. Certaines sont cultivées par une seule personne, d’autres par une famille ou par une association. En tout soixante personnes sont impliquées dans l’association. Il y a même des adhérents qui ne jardinent pas mais y passent leur temps à bricoler, retourner le compost ou simplement à flâner. Pour beaucoup, le jardin procure un lieu intime, une oasis de paix et de tranquillité dans un monde de béton.
Et qu’est-ce que les Hongrois font d’autre de ces jardins? En hiver, ils organisent un ciné-club, des ateliers et des conférences. En été, ils font des « fêtes au pain beurré » où seuls les petits pains et le beurre sont achetés dans un magasin. Tous les autres ingrédients sont cueillis au jardin pour faire de délicieux sandwichs. Ils ont organisé un « Pique-nique du Refuge » (Refuge est le nom d’une des associations qui possèdent une parcelle). A ce pique-nique, ils ont reçu des réfugiés vivant en Hongrie. Ils ont aussi organisé une collecte pour un couple de sans-abri, un échange de graines et une journée contes.
Comme ils se préoccupent de développement durable, ils ont créé une gratuiterie par l’intermédiaire d’un groupe Facebook ou ils échangent toutes sortes d’objets, pressoir à raisins, confiture, ceintures ou chaussures. Ils ont eu l’idée d’une « Nuit des jardins partagés » et l’ont organisée l’année dernière. Cette soirée a été un grand succès, douze jardins y ont
participé et il y en aura probablement le double en septembre.
Pas étonnant que leur histoire ait été reprise dans plusieurs films…